7 juillet 2021 | Cinéma
Le Festival de Saint-Sébastien élimine le genre dans ses prix d'interprétation.
Le Festival du film de Saint-Sébastien suit les traces de la Berlinale et ne décernera qu'un seul prix par catégorie pour les acteurs, quel que soit le sexe des nominés.
"Aider à l'incorporation et à la présence des femmes dans l'industrie audiovisuelle et avoir plus d'histoires de femmes et plus d'actrices principales" sont quelques-uns des arguments que Maialen Beloki, la directrice adjointe du Festival de San Sebastian, a donné en guise d'explication après l'annonce de l'élimination des catégories de meilleure actrice et meilleur acteur, qui seront désormais fusionnées en une seule Coquille d'argent pour le meilleur acteur.
Bien que l'intention soit bonne et qu'elle semble évidente, cette décision a provoqué un débat parmi les professionnels et cinéphiles qui mérite d'être pris en compte, car il n'est pas très clair si la fusion des deux catégories en une seule va réellement bénéficier aux femmes.
Pour commencer, la situation des femmes dans l'industrie cinématographique espagnole n'est pas exactement un chemin facile. Selon le syndicat espagnol des acteurs et actrices, les acteurs masculins se partagent 70 % des rôles, tandis que les actrices ne peuvent prétendre qu'à 30 % des personnages. De plus, les budgets des films réalisés par des femmes sont, en moyenne, 51% inférieurs à ceux des films réalisés par des hommes (Rapport CIMA). Ce point est important car les réalisatrices ont tendance à attribuer les rôles principaux à des femmes. Dans ce scénario, il ne semble pas qu'il soit facile d'atteindre la parité dans la nomination.
Le festival de Saint-Sébastien n'est pas le premier à mettre en œuvre ce changement. La Berlinale a annoncé l'année dernière qu'elle laisserait également le genre de côté lorsqu'elle jugerait les réalisations professionnelles des acteurs et des actrices. D'autres prix connus et prestigieux du monde audiovisuel ont également essayé ce système. Les plus anciens sont ceux de la Television Critics Association of America, qui décerne chaque année un prix à un acteur ou à une actrice pour sa "performance individuelle" dans les domaines du drame et de la comédie. Depuis 1997, date à laquelle ils ont commencé à utiliser ces catégories au lieu du sexe, et jusqu'en 2017, 15 des 20 récompenses pour les drames ont été gagnés par des hommes, et 13 des 20 récompenses pour les comédies ont été également décernées à des hommes. Ces cinq dernières années, ils ont équilibré la balance, mais cela tient davantage à la force acquise par le féminisme et à la vigilance à laquelle il soumet les institutions et les organisations.
Ainsi, d'une part, comme le Syndicat des acteurs et actrices dit : "Les actrices ont beaucoup moins de visibilité que les acteurs et cette décision aggrave cette situation". Et d'un autre côté, nous avons la direction du festival de Saint-Sébastien qui aussi se souvient également du collectif LGTBI+ : "Ce que nous voulions avant tout, c'est que les personnes qui ne s'attribuent pas de genre puissent avoir un espace et une place dans le palmarès, parce que jusqu'à présent, elles ne l'avaient pas. C'est pourquoi l'objectif du festival est d'être aussi inclusif que possible".
Che serà, serà... Nous n'avons d'autre choix que de voir comment cette initiative se développe dans les années et de rester attentifs pour que la parité et l'inclusion deviennent des réalités.
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